Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 05.djvu/24

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Colladan, qui a mis ses bésicles et regardé sa lettre.

Ah ! c’est de mon fils… de Sylvain… que j’ai mis à l’école de Grignon pour apprendre les malices de l’agriculture… Il voulait être photographe… alors, je lui ai fichu une gifle et je lui ai dit : "Tu seras fermier… parce qu’un fermier…"

Champbourcy.

Oui… nous savons ça… Allons ! soyons au jeu !…

Colladan.

Attendez que je lise ma lettre…

Champbourcy.

Ah ! saprelotte !

Cordenbois.

C’est insupportable !

Colladan, lisant.

"Mon cher papa, je vous écris pour vous dire qu’on est très content de moi… j’ai eu de l’avancement… on m’a mis à l’étable…"

Champbourcy.

À l’étable… Ce sont des détails de famille… lisez tout bas…

Colladan.

Si je lis haut, c’est pas pour vous, c’est pour moi… Toutefois que je ne lis pas tout haut… je ne comprends pas ce que je lis… (Continuant sa lettre à haute voix.) "À l’étable… mais, par exemple, je n’ai pas de chance, j’ai une vache malade…"

Cordenbois, à part.

Je n’aime pas jouer à la bouillotte comme ça !

Il se lève et se promène dans le fond.