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Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 06.djvu/97

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Lisbeth, s’approchant.

Me v’là, monsieur.

Marjavel.

Ah ! très bien ! (À part.) Comment diable lui faire raconter ça ? Il faudrait trouver un biais. (Haut.).Range les fauteuils, ce salon est en désordre… (Lisbeth range le salon sur la gauche seulement ; au public, après avoir vu travailler Lisbeth, et en tenant la droite de la scène.) C’est drôle… je ne peux pas être fidèle, moi ! ça n’est pas dans mes cordes ! j’ai une femme charmante, bonne, douce… et qui m’adore ! si je mourais, elle ne me survivrait pas… Eh bien, malgré cela, j’ai toujours une petite intrigue en l’air, je suis un gueux ! Avec Mélanie, c’était la même chose… j’en avais même deux… mais j’étais plus jeune…

Lisbeth, revenant.

Ca y est, monsieur…

Marjavel, à part.

Voyons, c’est mon biais qu’il faut trouver. (Haut.) Ah ! très bien ! maintenant essuie les flambeaux, frotte ferme ! (Lisbeth remonte à la cheminée, Marjavel s’assoit sur la chaise à gauche, puis, tout en regardant Lisbeth, s’adresse au public.) Ainsi la semaine dernière, je suis allé à ce polisson de bal Mabille… vraiment j’ai tort d’y aller ; je dis toujours que je n’irai plus et j’y retourne… J’y ai cueilli une jeune Polonaise appelée Ginginette, une femme adorable… il parait qu’elle confine aux plus grandes familles de la Lithuanie… nous avons eu ensemble deux conférences… j’ai cela de bon, c’est que je ne m’attache pas… comme toutes les personnes qui ont le nez retroussé… du reste.

Il se lève.

Lisbeth, qui a essuyé les flambeaux, descend à droite.

Me v’là, monsieur…