Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 07.djvu/28

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Eusèbe, prenant le flacon et se reculant.

Qui ça ? Moi ?

Suzanne.

Vous devez savoir frictionner !

Eusèbe, s’asseyant sur le pouf.

Certainement… Je frictionne tous les soirs le rhumatisme de M. Bigouret, mon patron…

Suzanne.

Eh bien ?

Eusèbe.

Mais ce n’est pas la même chose…

Suzanne.

Pourquoi ?

Eusèbe.

Mais dame !… parce que… d’abord, lui, c’est un homme ; il a la peau noire, rude, coriace, indigeste… Ah ! la vilaine peau !… Tandis que la vôtre… (il frictionne très doucement) c’est d’un doux… d’un doux !… et d’un blanc… d’un blanc !… et d’un rose… d’un rose !…

Suzanne.

Eh bien, qu’est-ce que ça vous fait ?

Eusèbe.

Ce que ça me fait ?

Il pose la main de Suzanne sur son cœur.

Suzanne, se levant.

Ah bah !

Eusèbe.

Je n’essayerai pas de vous le cacher plus longtemps.

Suzanne, à part, gaiement.

Tiens ! j’ai enflammé un pharmacien !