Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 07.djvu/342

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Gaudiband.

C’est trop fort !… malgré ma sommation ! Il est vrai qu’il ne l’a pas encore reçue… N’importe ! Charge le fusil et tire dessus… Je suis dans mon droit… 3 prairial an V !

Poteu, chargeant le fusil.

Je leur mets du plomb à lièvre.

Gaudiband.

Et, dès que tu les auras massacrés… tu prendras une serpe et tu iras couper le noisetier… 9 ventôse an VII.

Poteu.

Je viens de le gauler, son noisetier… J’attendais que les noisettes soient mûres… Les voilà !… En voulez-vous ?

Il en donne une à Gaudiband et pose les autres sur le buffet, à côté du saloir.

Gaudiband, examinant la noisette.

Les voilà donc, ces fameuses noisettes dont il était si fier… Il n’y a que lui qui en possède l’espèce à Antony… Il appelle ça la grosse aveline de Bourgogne à pellicule rouge… Il m’avait toujours promis de m’en donner… Eh bien, j’en ai maintenant ! et je les planterai chez moi… à sa barbe ! (Il va la poser sur le buffet et trouve un journal avec sa bande.) Qu’est-ce que c’est que ça ?… (Lisant la bande.) "M. de Blancafort, propriétaire à Antony."

Poteu.

Son journal ! le facteur s’est encore trompé !…

Gaudiband.

Je ne veux rien à lui. Tu le lui reporteras… avec des pincettes.

Poteu.

Oui, monsieur. (Regardant dans le jardin.) Les pigeons roucoulent