Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 07.djvu/350

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Gatinais.

Tout à coup un petit homme à moustaches, avec une cigarette, me crie : "Eh ! vous, là-bas ! faites donc enregistrer vos bagages ! — J’y vais, monsieur ; mais vous pourriez me le dire plus poliment." Deux hommes en casquette… avec des moustaches, s’emparent de mes colis… jettent ma malle à l’envers et campent la bombe glacée sur le réchaud de la timbale milanaise… "Pas sur le réchaud, leur dis-je, ça va fondre ! — Est-ce que ça nous regarde ? " me répondent ces gens. "Très bien ! mais vous pourriez me le dire plus poliment."

Gaudiband.

Tu les as remis à leur place.

Gatinais.

Net ! Je m’approche d’une espèce de petite cage grillée dans laquelle il y avait un homme en casquette… avec des moustaches… Ils ont tous des moustaches dans ces boutiques-là !… Il me donne un bulletin numéro 4, et il me demande deux sous !… Comprends-tu ? Trois places… j’avais droit à quatre-vingt-dix kilos de bagages, je n’en avais que trente-trois, et il me demande deux sous… Des carottes… toujours des carottes !… Enfin, nous partons ! Arrivé à Antony, je présente mon bulletin numéro 4, et je réclame mes bagages… Sais-tu ce qu’on me descend ?…

Gaudiband.

Non.

Gatinais. — Un veau !… vivant… qui faisait : "Beuh !…" et me léchait les doigts !… "Qu’est-ce que c’est que ça ?… ce n’est pas à moi ! — C’est vous qui avez le numéro 4 ?… - Oui. — Eh bien, v’là votre affaire !…" Ils s’étaient trompés, ils avaient collé le 4 sur le veau !… Fust ! fust !… le train repart !… "Arrêtez !… arrêtez ! " Je crie, je tempête… Alors un employé…