Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 07.djvu/424

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(Le garçon s’éloigne. Se levant.) J’ai su, à prix d’or, me créer des intelligences dans la prison… J’ai envoyé hier à Blancafort… une lime d’horloger, enfermée dans un tuyau de pipe… avec ces mots, d’une écriture très fine… "Moi veiller… vous espérer… Lime en acier… sept barreaux de fer à couper… Gaudiband dans le fiacre en bas… Fiacre conduire vous à la frontière…" Je n’ai pas pu signer… il n’y avait plus de place… Une main amie s’est chargée de jeter ça adroitement dans la soupe du prisonnier… Il doit avoir son instrument depuis hier… il a dû scier toute la nuit… Gaudiband est dans le fiacre à son poste… C’est ma femme qui l’a décidé… sans lui donner d’explication… nous n’avons pas le temps… Tout va bien… Pauvre garçon !…

Il s’assoit sur la chaise près de la table, à gauche.

Le Garçon, accourant.

Monsieur m’appelle ?

Gatinais.

Moi ?… Ah ! mais… vous m’ennuyez !


Scène III

Gatinais, Edgard, Le Garçon ; puis Lucette
Edgard, entrant par le fond, très affairé, avec d’énormes dossiers sous le bras.

Garçon, servez-moi vite…je suis très pressé… L’audience est pour onze heures.

Gatinais, l’apercevant.

Tiens ! c’est vous !

Edgard.

Monsieur Gatinais… Enfin, voilà le grand jour… vous