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Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 08.djvu/38

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bien… je ferais tort au gouvernement d’une part… et de l’autre je volerais à un employé laborieux et capable des appointements dont je n’ai pas besoin… Vous voyez que tout le monde y perdrait..

Courtin.

Dites tout de suite que vous ne voulez rien faire !

Vatinelle.

J’ai sur le travail une petite théorie à moi…

Courtin.

Pourrait-on la connaître, sans indiscrétion ?

Vatinelle, s’asseyant.

Volontiers… beau-père ! Pourquoi travaille-t-on dans ce monde ?…. pour gagner de la fortune, apparemment…

Courtin.

Parbleu ! c’est bien malin !

Vatinelle.

Pourquoi veut-on gagner de la fortune ?… pour en jouir et se reposer.

Courtin.

Se reposer !… c’est-à-dire…

Vatinelle.

Oui, je sais qu’il y a de par le monde des loups maigres et voraces qui ne se reposent jamais… des joueurs avides et infatigables qui, après avoir ramassé tout l’or répandu sur le tapis, veulent encore gagner la table et les flambeaux ! Moi, je ne suis pas de ceux-là, j’ai la fortune, vous me l’avez donnée… Bien plus, j’ai le bonheur. Je suis content de mon sort, je ne demande rien. Pourquoi voulez-vous que je travaille ? pour faire aux pauvres une concurrence inégale ? ou pour me ruiner ?… ce qui serait encore plus bête !