Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 10.djvu/21

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Martin.

Si je ne peux plus recevoir ma famille !

Pionceux.

Pas tous les jours, saprelotte !

Martin.

Est-ce toi qui payes ?

Pionceux.

Non, mais c’est moi qui nettoie l’argenterie, et ce monsieur change de fourchette à chaque plat. Les sauvages, ça devrait manger avec les doigts !

Martin.

C’est un grand seigneur, ce sauvage-là, monsieur Pionceux !… Je suis fier d’être de sa race, et je vous prie d’être avec lui de la plus obséquieuse politesse… dans votre intérêt même, car je vous préviens que sa botte est un peu nerveuse.

Pionceux.

Et ce n’est pas vous qui me défendriez… Je ne suis pas de votre race.

Martin.

Tu n’es d’aucune race, idiot ! fiche-moi le camp.

Pionceux.

Bien, bien ! reniez-moi ! reniez le sein qui nous a nourris !

Il sort par le fond en emportant le plateau de la bière.

Martin.

Cette brute-là me rendra fou ! (Pendant qu’Agénor donne les cartes.) Tu dînes avec nous ce soir ?

Agénor, sèchement.

Non.