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Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 10.djvu/210

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CHAMEROY.

Mais c’est donc un monstre… que cette petite fille-là. voyant tout ?… et ne disant rien…

HENRIETTE.

C’est justement parce que je ne dis rien que je vois tout Toutes les jeunes filles sont pareilles… Et à qui la faute ? à vous, parents… Vous ne nous mettez jamais au courant de rien ; il faut bien que nous devinions ! Aussi, si vous m’en croyez… cette fois-ci… vous changerez de système… et, puisque cela nous regarde tous trois… car enfin… (Riant.) cela me regarde bien aussi un peu… nous nous y mettrons tous trois !

MADAME CHAMEROY.

Elle a raison ! (S’asseyant tous trois sur le canapé.) Eh bien, voyons, comment trouves-tu M. de Vérac ?

HENRIETTE.

Je le trouve très-bien.

CHAMEROY.

Ainsi tu donneras ton consentement ?

HENRIETTE.

Je crois que oui… Mais je crains que lui ne donne pas le sien.

MADAME CHAMEROY.

Pourquoi ?

HENRIETTE.

D’abord, il est comte, il est noble.

CHAMEROY.

Nous sommes de la grande bourgeoisie… Il n’y a pas mésalliance… D’ailleurs, je ne connais qu’une noblesse : celle du cœur… nous avons cent cinquante mille livres de rente.