Aller au contenu

Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 10.djvu/241

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

HENRIETTE.

Comment ! je suis si ridicule que cela ?

PAUL, continuant à l’imiter.

« Ils passaient par Nanterre, tra tra tra !… Ils rencontrent un pauvre homme à cheval ! gare ! gare ! gare ! »

HENRIETTE.

Oh ! assez ! assez ! c’est affreux ! mais que faut-il donc faire pour bien lire ?

PAUL.

Ah ! ce n’est pas moi qui suis capable de vous l’apprendre !… mais je connais un habile homme…

HENRIETTE.

Je le prends !… après ?…

PAUL.

Comment, après ?

HENRIETTE.

Mais tout cela n’est encore que de l’agrément, il faut arriver au sérieux.

PAUL.

Au sérieux ! mais nous y sommes… (Montrant le livre.) avec cette charmante créature que votre instinct vous a conduite à aimer ! Elle vous montre qu’on peut être à la fois rieuse et sérieuse… Faite pour le monde et faite pour l’étude, car elle lisait tout, s’intéressait à tout, s’occupait de tout, de science sans être pédante, de poésie sans être bas-bleu, de métaphysique sans être ennuyeuse… Et, si vous ajoutez qu’en outre elle fut la plus honnête des femmes, la plus dévouée des amies, et la plus tendre des mères… tendre jusqu’à l’héroïsme, la pauvre « femme !… car elle est morte en soignant sa fille, et d’avoir soigné sa fille ! (Madame Chameroy essuie ses yeux.) Alors vous compren-