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Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 10.djvu/243

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HENRIETTE.

J’ai une grande peur…

PAUL.

Laquelle ?

HENRIETTE.

Je crains… c’est étonnant, tout ce qui m’est venu à l’esprit depuis une demi-heure ! je crains que le monde où je vais entrer ne soit bien nouveau pour moi !… Je crains que la famille de M. de Vérac et mes parents ne soient bien différents, de goûts, d’habitudes, de langage, et que… j’hésite à vous expliquer ce que je sens… Je crains que mes parents que j’aime tant ne soient pas heureux… que des malentendus… des froissements…

PAUL.

Eh bien, n’êtes-vous pas là ?… à vous de tout prévenir ! Avec votre finesse, car vous êtes très-fine tout en étant très-franche, soyez la voix qui concilie, le tact qui détourne les petits orages, le charme qui les dissipe, l’esprit qui les fait tourner en gaieté et qui réconcilie.

HENRIETTE.

Je tâcherai !… mais…

PAUL.

C’est bien facile ! Tous ces braves gens, votre mère et votre belle-mère, votre père et votre mari vont vous adorer à qui mieux mieux ! Eh bien, faites qu’ils s’aiment en vous… qu’ils s’unissent en vous !

HENRIETTE, émue.

Oh ! oui, je comprends ! que vous êtes bon de me parler ainsi ! Mais il faudra m’aider toujours… me conseiller toujours ? La tâche est si malaisée et je suis si novice ! Il ne faut pas abandonner votre ouvrage ! Il faudra venir nous voir souvent… très-souvent.