Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 10.djvu/27

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Edmond.

Nous entrerons par Genève, Chamounix et ensuite l’Oberland… Je tiens surtout à faire voir à mademoiselle… (On rit. Se reprenant.) à madame Bartavelle ! la chute de l’Aar à la Handeck.

Loïsa.

C’est curieux ?

Edmond.

C’est ce qu’on appelle une belle horreur. Figurez-vous des rochers à pic… non… je vais vous en lire la description.

Il ouvre son Guide. Bathilde agite son mouchoir.

Martin.

Madame est peut-être un peu pressée ?

Bathilde.

Oh ! pas du tout ! nous avons tout le temps.

Edmond, qui a cherché dans le Guide.

Ah ! voilà !… La Handeck. Ecoutez ça. (Lisant.) "En approchant de ces vastes solitudes, l’âme est pénétrée d’un sentiment religieux. On prend un petit sentier à gauche…"

Bathilde agite plus vivement son mouchoir.

Agénor, à part.

Le mouchoir a des attaques de nerfs !

Edmond, lisant.

"Enfin l’on arrive. Quel admirable tableau !… O sceptique, découvre-toi ! Au sommet d’un rocher à pic, couronné de pins noirs (pinus nigra), deux torrents se précipitent, en se choquant avec un bruit formidable, dans un gouffre sans fond."