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d’une charte aussi peu libérale, il se soit trouvé des Anglais pour s’établir en Amérique. Quitter sa patrie pour aller vivre sous des lois semblables, n’était-ce pas abdiquer les plus nobles privilèges de l’homme et du citoyen ? Mais raisonner ainsi, c’est se tromper de siècle. Des aventuriers, des chercheurs de fortune, simples agents d’une compagnie, ne pouvaient avoir les prétentions du citoyen anglais. Vivre et s’enrichir dans la plantation nouvelle, c’était sans doute leur unique ambition. Ce ne fut que plus tard, quand la propriété acquise eut éveillé le sentiment de l’indépendance, qu’on sentit le besoin de la liberté.

Revenons à la colonie naissante. La première expédition faite en 1607 sur une petite échelle, et dans laquelle on comptait un ouvrier contre quatre aventuriers et gentilshommes, est plus célèbre par les exploits du capitaine Smith que par les résultats qu’elle a donnés. Le capitaine Smith est le seul héros de roman que possède l’histoire d’Amérique, trop récente pour supporter ces fables charmantes qui cachent le berceau des nations. Lui-même nous a conté, dans un curieux récit, sa vie aventureuse, ses combats contre les Turcs, sa prison, sa fuite au travers de la Russie, et enfin l’épisode le plus touchant de ses voyages, sa prison chez les Indiens, son indomptable courage, et comment il fut sauvé