ce qu’il y a de fortune dans les événements humains ; cette cause, ce fut la culture du tabac. C’est le tabac qui a peuplé le midi de l’Amérique et fait la grandeur de l’Angleterre sous ces nouveaux climats.
L’usage du tabac avait été introduit en Angleterre par les aventuriers de la première expédition de Raleigh. Durant une courte résidence, ils avaient emprunté aux Indiens l’habitude de fumer. Les Indiens qui ne connaissaient ni le vin, ni l’opium, ni les liqueurs enivrantes qu’on obtient par la distillation ou la fermentation, trouvaient dans le tabac ce stimulant du système nerveux que recherchent tous les peuples, quel que soit leur degré de civilisation. L’usage s’en répandit promptement en Angleterre, malgré les efforts du roi Jacques qui écrivit un livre tout exprès contre cette plante maudite. Dans les comédies anglaises du xviie siècle, les élégants, les beaux fumaient, et cela dura jusqu’au règne de Georges III où, à l’imitation des marquis français, la mode vint de se barbouiller le nez de tabac d’Espagne. La demande de cette plante fut si grande et le prix offert était si avantageux (on calcule que c’était à peu près dix fois le prix actuel), que les colons n’y pouvaient suffire ; on se livrait à la culture avec une telle ardeur que les rues et les places de Jamestown étaient plantées en tabac, et que les colons manquèrent plus d’une fois mourir