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à le prouver. C’est à l’aide de la religion, de l’éducation, de l’organisation communale, de la milice nationale, qu’on enracine la liberté dans l’âme du citoyen ; ce sont les quatre piliers qui soutiennent la constitution. L’Église séparée de l’État, et par conséquent ni querelles intestines, ni alliance simoniaque ; l’éducation hors de la main de l’État, mais imposée à la commune et considérée comme une question de vie ou de mort pour la république ; une milice nationale qui remet entre les mains des citoyens la police et la défense de l’Etat, et exclut toute politique d’ambition et de conquêtes ; la commune, seule maîtresse de ses intérêts, responsable de ses fautes et de ses erreurs : voilà quelles sont aux États-Unis les quatre conditions essentielles de la liberté, conditions qui nous ont toujours manqué. Là-bas la vie politique ne vient point par accès et comme une maladie, c’est une part de la vie journalière. On est citoyen en même temps qu’on est avocat, industriel ou laboureur. Chacun de près ou de loin s’y occupe des affaires de son église, de son école, de sa commune, en même temps que de ses propres affaires. Elles ne le touchent guère moins, car c’est lui qui lève, qui emploie ou surveille les fonds qu’il a votés, et qui souffre ou profite des fautes ou de la sagesse de ses concitoyens. Ainsi se retrouve aux États-Unis cette vie