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ce qu’on a nommé en Amérique la rotation des offices. Empêcher le magistrat de se perpétuer dans ses fonctions, de crainte qu’il ne tourne contre le peuple l’autorité même que le peuple lui a confiée, c’est une idée toute républicaine, et qui a toujours été populaire aux Etats-Unis. Quand, avec l’autorité attachée à son titre, un des anciens proposa de donner à vie la place de gouverneur (et il avait en vue Winthrop, le directeur et le père de la colonie), les députés décidèrent à l’instant qu’aucune magistrature ne pouvait durer plus d’un an ; et ce principe reconnu, ils remplacèrent aussitôt leur ancien et cher gouverneur comme à Rome on eût fait d’un consul.

L’égalité civile ne leur était pas moins chère que la liberté. Quand lord Say et Seal, et lord Brook, tous deux amis des puritains, et concessionnaires d’une partie de la Nouvelle-Angleterre, songèrent à passer en Amérique avec leur fortune, ils demandèrent l’institution d’une chambre haute dans la colonie et le privilège héréditaire d’y siéger. Les ministres, les chefs de la plantation, très-disposés à accueillir de pareils alliés, leur offrirent des avantages viagers, mais quant à une dignité héréditaire, ils la refusèrent par la voix de Cotton Mather, et maintinrent l’égalité au nom de la religion.

« Quand Dieu, disait Cotton, bénit une branche de quelque noble et généreuse famille en lui don-