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Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/242

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en la modérant la rendaient bienfaisante et sans danger.

Certes, rien n’est plus ridicule qu’une loi qui proscrit les perruques et les longs cheveux, défend l’usage du tabac comme une impureté, ou s’occupe d’autres détails non moins puérils. Rien n’est plus bizarre que cette mascarade juive où le gouverneur de Connecticut devient le juge du Nouvel-Israël, où les magistrats de New-Haven sont les sept piliers de la maison de sagesse ; mais ce n’est là que l’apparence, la forme extérieure, le vêtement de la secte puritaine. Sous ce vêtement, dont la coupe antique et surannée fait rire l’observateur superficiel, se cachait un véritable esprit de liberté. Ce sont, on le répète, ces manières formalistes qui, en déteignant sur les mœurs, en donnant aux habitudes de la vie une austérité particulière, en proscrivant le relâchement et le luxe, en désarmant en quelque sorte l’ambition, ont permis tous les excès de la liberté politique, car les mœurs y faisaient un perpétuel contre-poids qui empêchait la balance de perdre l’équilibre.

Mœurs ou lois, il faut que l’esprit humain soit contenu. L’homme n’a plus besoin d’autorité quand il est sorti de l’enfance, parce qu’il est à lui-même sa règle et son autorité. Ainsi en est-il du corps politique ; la liberté et la moralité se tiennent, et l’une est d’autant plus grande que l’autre est plus étroite. Politiquement parlant,