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colonie, Charles II n’avait pas même exigé qu’on lui soumît les lois rendues par la cour générale ; nulle réserve n’était faite pour autoriser en quelques circonstances l’intervention du gouvernement.

Il ne faut pas, du reste, s’y tromper : si Charles II s’était montré si libéral, ou, pour mieux dire, si prodigue, c’était moins par dessein prémédité que par indifférence pour une poignée d’hommes établis par delà les mers. Le roi, comme Clarendon son ministre, avaient cru beaucoup moins favoriser un État naissant que protéger une simple corporation.

La charte se taisait sur la religion, c’est-à-dire qu’en laissant tout pouvoir à la colonie, elle autorisait tacitement toutes les exclusions, toutes les jalousies puritaines.

Personne en effet ne pouvait établir une église dans le Connecticut sans l’aveu de la cour générale et l’approbation des églises voisines. Les dissidents n’avaient aucun droit à la protection des lois ; les quakers, les adamites et autres hérétiques notoires (ce sont les termes de la loi}, devaient être emprisonnés ou chassés de la colonie par l’ordre du gouverneur et des assistants. Le zèle et l’intolérance ne cessèrent que lorsque la liberté de conscience, passant les mers, fut introduite dans les colonies par la métropole. Ce fut un statut célèbre de la première année du règne