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Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/349

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dans sa vengeance, le roi faisait écrire aux colonies du sud, sous le contre-seing de Sunderland : « Prenez soin qu’on les fasse servir au moins dix ans, et qu’on ne les laisse racheter pour argent ni autrement avant l’expiration de ce terme. » La tyrannie peuplait l’Amérique d’hommes éprouvés par l’adversité, et la mûrissait ainsi pour une future indépendance.

Du reste, ce commerce des blancs était assez profitable pour que, sur le littoral de l’Angleterre, ce fût un métier que d’enlever des hommes et de les transporter en Amérique. Bien plus, à Bristol, le maire, les aldermen et les juges, menaçant de pendre les gens sans aveu qu’on arrêtait, leur faisaient accepter la transportation comme seul moyen de salut, puis se les partageaient comme un bénéfice de leur charge. Jeffries, le rude Jeffries, dans un accès de justice, fit paraître à son banc le maire de Bristol ; et il fallut la révolution de 1688 pour amnistier ce crime infâme.

Enlever des hommes libres n’en continua pas moins d’être un métier suivi jusqu’au moment où la colonie repoussa le service des engagés, service plus cher et plus dangereux que celui des nègres. Depuis 1692, on n’introduisit plus que des noirs dans la plantation.

Cette tache de l’esclavage, le Maryland l’a conservée lorsque les colonies du nord lui donnèrent l’exemple de l’émancipation ; et cependant, c’est