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Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/353

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caractérisent un peuple majeur et qui depuis longtemps pratique la liberté. Les grandes traditions de la sage révolution de 1776 sont vivantes à Boston ; dans l’ouest, au contraire, on a pour la constitution fédérale plutôt un respect religieux qu’une admiration raisonnée, et elle courrait plus d’un danger si l’influence des colons de race anglaise n’arrêtait les démocrates exagérés qu’envoie chaque année et par milliers l’Allemagne.

Dans l’État de New-York l’esprit hollandais a laissé des traces visibles ; non pas que la colonie hollandaise ait jamais été nombreuse, mais il y a, comme on le voit dans l’histoire, il y a certaines races si fortement trempées qu’elles sont inaltérables, et que placées près d’un autre peuple, ou elles le transforment, ou du moins tout en s’alliant à lui restent longtemps reconnaissables. Tandis que la race germanique mise en contact avec les Américains cède à l’empire d’un génie plus énergique ; tandis qu’à la seconde génération le fils de l’émigré allemand oublie son origine et la langue de ses pères, on retrouve encore après deux siècles, à New-York et à Albany, des habitudes hollandaises, et peut-être est-ce à l’esprit probe, économe, régulier de la vieille Amsterdam que la Nouvelle-Amsterdam (New-York a été fondée sous ce nom) doit ce génie des affaires qui menace Londres même dans sa suprématie commerciale.