de sa raison n’était qu’un souvenir ; seulement ce ne fut point l’organisation de Sparte ou de Rome qu’il essaya de reproduire, ce fut le système anglais ; ce fut un gouvernement où tous les pouvoirs reposaient sur la propriété. De ce point de vue, du reste, et comme étude philosophique de la constitution anglaise à la fin du xviie siècle, le projet de Locke n’est pas indigne d’attention.
Entrons dans le détail de cette constitution, inspirée, suivant le préambule, par la crainte de constituer une trop nombreuse démocratie, et, en même temps, par le désir de satisfaire à l’intérêt des propriétaires et d’instituer un gouvernement agréable à la monarchie. Nous comparerons ensuite ce qu’inventa le génie réuni d’un politique habile et d’un grand philosophe, avec l’organisation des autres provinces d’Amérique, produit naturel des désirs et des besoins de ces planteurs, qui n’analysaient point leurs idées aussi bien que Locke pouvait le faire, mais qui sentaient infiniment mieux ce qui convenait à leur situation, et qui n’imaginaient point d’enfermer l’activité d’un peuple dans des combinaisons artificielles et mécaniques[1].
Les propriétaires, comme souverains de la colonie, formaient une corporation close de huit
- ↑ The fundamenlal Constitutions of Carolina ont été publiées a Londres en 1720, dans a Collection of several pièces of Mr. John Locke, never before printed or not extant in his works.