miséricorde, suivant les théories qu’imaginent les personnages importants que notre confiance met au pouvoir. Du jour où ils sont nos mandataires, ce sont leurs caprices et leurs idées qu’ils nous imposent !
Ce n’est pas là le gouvernement républicain d’Amérique ; là-bas, on essaye d’éclairer et de diriger la volonté populaire, mais cette volonté on l’accepte, et on ne prétend pas, au nom de la raison, au nom du but suprême, imposer au peuple une loi, un régime qui fait violence à toutes ses habitudes, et rompt brusquement avec le passé. Nos législateurs sont tous plus ou moins disciples de Locke ; ils ont beaucoup à désapprendre avant d’être de véritables représentants du peuple ; et cependant, s’ils étaient plus modestes dans leurs prétentions législatives, leurs fonctions seraient plus faciles ; et nous, pauvre foule, âmes viles, nous payerions moins cher les expériences de nos magnifiques souverains !
Où donc trouver le modèle du vrai législateur ? l’Amérique nous l’offrira dans le fondateur de la Pensylvanie. Comparons Penn avec Locke ; au premier coup d’œil tout l’avantage est pour le philosophe. Ami d’un homme d’État, mêlé aux affaires, esprit sage et observateur, il en sait bien plus qu’un quaker fanatique ; et, sans doute, l’organisation qu’il a conçue est autrement forte et symétrique que celle de Penn. Locke a découvert