« Ainsi, c’est donc de ces six sources capitales, l’origine, la forme de gouvernement, la religion dans le Nord, les mœurs dans le Sud, l’éducation, l’éloignement du moteur central du gouvernement, c’est, dis-je, de toutes ces causes qu’est sorti ce fier esprit d’indépendance. Il a grandi avec le peuple de nos colonies, il s’est accru avec leur richesse ; c’est cet esprit qui en se heurtant contre des prétentions qui, fussent-elles légales, seraient inconciliables avec aucune idée de liberté, bien moins encore avec celle que s’en font les colonies, c’est, dis-je, cet esprit qui allume cet incendie qui menace de nous consumer tous[1]. »
Je n’ajoute rien à ces nobles paroles. C’est le privilège du génie d’exprimer la vérité sous une forme si parfaite qu’on n’y peut toucher sans l’affaiblir.
Nous avons vu comment les colons, empruntant à l’Angleterre l’esprit de liberté, l’ont encore accru et perfectionné ; nous verrons dans la prochaine leçon, en étudiant le droit civil, comment se développa un principe nouveau, étranger à l’Angleterre : l’égalité. C’est le côté par où l’Amérique se distingue de l’Angleterre, et en même temps se rapproche de nous ; ce caractère nouveau a donc pour nous un intérêt particulier.
- ↑ Burke, Speech on conciliation with America, 22 mars 1775.