L’Amérique est le premier pays qui, dans les temps modernes, ait essayé d’associer ces deux principes de gouvernement. La France l’a suivie dans cette carrière, mais peut-être n’a-t-elle pas su faire leur juste part à ces deux éléments, et peut-être n’a-t-elle pas assez tempéré par la liberté ce que le principe d’égalité contient de despotisme, quand on l’exagère. Il importe donc, pour nous faire des idées saines à ce sujet, de l’étudier en Amérique, et de constater les résultats qu’il y a donnés.
Constater ces résultats, peut sembler au premier abord chose fort délicate, car la liberté et l’égalité ont assez de points communs, assez d’exigences semblables, pour qu’il soit difficile de faire le départ, et d’attribuer à chacun de ces deux éléments ce qui lui appartient en propre ; par bonheur l’histoire et la comparaison des législations viennent ici à notre secours, L’Angleterre, d’où est sortie l’Amérique, est un pays où le principe d’égalité était certainement chose inconnue au commencement du xviie siècle, car aujourd’hui même il n’y a pas encore pénétré ; d’un autre côté, dès cette époque, c’était un pays où la liberté était florissante. En étudiant l’organisation de l’Angleterre, la condition des personnes et du sol, il nous sera donc possible de constater ce que produit le principe de liberté, sans mélange d’égalité ; le contraste que nous présentera