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terres. Nous avons vu que peu à peu cette féodalité s’était non point détruite mais transformée en aristocratie, le seul régime qui soit incompatible avec l’égalité (car la monarchie s’en est souvent accommodée), et enfin je vous ai dit comment dès le premier jour une noblesse habile et patriotique avait lié assez étroitement son intérêt à celui de la nation, pour qu’aujourd’hui même l’opinion, aussi bien que la science, défende une organisation politique qui repousse l’égalité, mais qui a donné à l’Angleterre au dedans une liberté complète, au dehors une puissance infinie, l’empire du commerce et des mers.

L’Amérique va nous offrir un tout autre spectacle ; dès le premier jour nous y verrons régner l’égalité. Ce ne fut point de parti pris que les émigrants l’établirent ; tout au contraire, ils étaient assez imbus des idées anglaises pour n’accepter qu’avec défiance ce régime inconnu. Ce furent les circonstances, les nécessités du premier établissement qui firent naître et maintinrent partout l’égalité.

En ce point, sans doute, la religion eut une grande action, et le puritanisme tourna de bonne heure les idées de ce côté ; mais peut-être n’est-ce point là qu’il faut chercher la cause principale qui fit triompher ce principe nouveau. Encore moins faut-il demander cette cause à quelque théorie politique. Il n’y eut rien de prémédité,