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coûté tant de peine, et, à la dernière réunion, au moment où l’on signait cet acte immortel, Franklin, parvenu à cet âge où les anciens considéraient comme un prophète l’homme placé à la limite de la terre et du monde invisible, Franklin eut comme une révélation de la grandeur américaine. Au dernier moment de la session, nous dit l’historien du congrès, Franklin, portant les yeux vers le fauteuil du président, derrière lequel on avait peint un soleil levant, fit remarquer aux membres qui étaient près de lui, que les peintres reconnaissaient que, dans leur art, il était difficile de distinguer un lever d’un coucher de soleil. « Souvent, et bien souvent, ajouta-t-il, dans le cours de nos réunions, dans les vicissitudes de nos espérances et de nos craintes touchant le résultat de nos délibérations, j’ai regardé cette peinture sans être capable de dire si le soleil s’y levait ou s’y couchait ; maintenant, à la fin, j’ai le bonheur de voir que c’est bien un soleil qui se lève et non point un soleil qui s’éteint[1]. »

Franklin avait raison : c’était l’aurore d’un monde nouveau, c’était l’avènement de la démocratie organisée, c’était la liberté qui se levait de l’autre côté de l’Atlantique pour éclairer, pour échauffer, pour féconder l’univers.

Et maintenant, Messieurs, ai-je besoin d’insister

  1. Madison, Papers, p. 1624.