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sissent comme les charlatans : leur grand secret, c’est, l’impudence.

La loi portée au Parlement, les agents des colonies, Franklin à leur tête, essayèrent d’adresser des pétitions. On les refusa ; l’usage n’étant pas, en Angleterre, de recevoir des pétitions contre un money bill[1]. On eût dit qu’il s’agissait d’établir le péage d’un pont ou d’une route.

Le courant était irrésistible : « Nous avons le pouvoir de les taxer, disait un ministre, nous les taxerons. » On voulait en finir avec ces prétentions d’indépendance du Parlement qui révoltaient les vieux Bretons.

« Nous ne pouvons rien, écrivait tristement Franklin, autant vaudrait empêcher le soleil de se coucher[2]. »

Le 25 février 1765, malgré l’opposition de Barré, du général Conway et de l’alderman Beckford, la loi fut votée par les Communes à une majorité des quatre cinquièmes[3]. Le 8 mars, elle passa à la Chambre des lords sans amendement, sans opposition.

Personne en Angleterre ne soupçonnait que la loi pût rencontrer la moindre résistance en Amérique. Quelques années plus tard, dans ses mémoires financiers, Grenville déclarait qu’il n’avait prévu aucune opposition, et qu’il aurait parié sa tête que la loi serait exécutée. C’est à l’avidité et à l’ingratitude des colons qu’il attribuait tout le mal.

Du reste, les agents des colonies eux-mêmes étaient

  1. Hildreth, U. S., I, 524.
  2. Bancroft, Amer. Rev., t. II, 281.
  3. Hildreth, II, 525. 294 contre 49.