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Parlement recevra en ce pays le même accueil, s’il n’y a pas une force suffisante pour l’appuyer[1]. »

Ce refus de concours, qui se répéta dans la Nouvelle-Jersey, blessa le gouvernement anglais ; l’idée qu’il fallait réduire les colonies entra plus avant dans l’esprit des politiques. On voulait les taxer, d’une part, pour les réduire à reconnaître la suprématie du Parlement, et de l’autre, pour constituer en Amérique des gouvernements, des administrations salariées par l’État, avec l’impôt américain, et par conséquent dépendant du roi, qui les nommerait, et non pas du peuple, qui ne payerait plus directement.

Ce fut à ce moment que changea le ministère anglais. L’administration du marquis de Rockingham finit en juillet 1766, et fut remplacée, sous la direction de Pitt, par une réunion d’hommes qui n’appartenaient pas à un même parti et qui n’avaient pas les mêmes principes. Le duc de Grafton fut placé à la tête de la trésorerie, lord Shelburne et le général Conway eurent les deux secrétaireries d’État. Charles Townshend fut fait chancelier de l’Échiquier, Cambden lord chancelier, lord North et George Cooke payeurs généraux ; Pitt, rongé de goutte et fatigué d’esprit, fut lord du sceau privé, et se retira dans la Chambre des lords avec le titre de comte Chatham. « Ce ministère, a dit Burke, dans un passage célèbre, était une mosaïque sans ciment ; ici une pierre blanche, là une pierre noire ; des patriotes et des courtisans, des royalistes et des républicains, des amis per-

  1. Pitkin, I, p. 216.