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ne fut pas une des moindres causes de la révolution[1].

Ces trois actes arrivèrent coup sur coup en Amérique. L’imposition de nouvelles taxes, accompagnée de l’établissement d’un bureau qui allait faire revivre la sévérité des anciennes lois et donner aux perceptions une vigueur qu’elles n’avaient jamais eue, excita une grande alarme dans les colonies. On se mit à étudier de nouveau la nature du lien qui rattachait les plantations à la métropole, et l’étendue des droits qui appartenaient au Parlement. On réfléchit, on écrivit beaucoup ; l’esprit de liberté, qui avait été éveillé par l’acte du timbre, s’agita avec une nouvelle vivacité.

Parmi ces pamphlets, il en est un qui fit sensation en Amérique, et plus tard en Angleterre. Il était intitulé : Lettres d’un fermier[2] de Pensylvanie aux habitants de l’Amérique septentrionale. L’auteur était un jeune avocat de Philadelphie, que les Américains, peu avares d’éloges, avaient surnommé le Démosthène de l’Amérique[3]. Il s’appelait Dickinson et était quaker de religion. Le succès de ces lettres fut si grand qu’on en fit trente éditions en six mois. Pour récompenser l’auteur de son zèle patriotique, un riche Virginien lui fit cadeau de 10 000 livres sterling, tandis que Boston et d’autres villes lui votèrent des remercîments publics[4]. Franklin fit réimprimer ce pamphlet à Londres,

  1. Mahon, V, 362.
  2. La vraie traduction de farmer serait propriétaire, et non pas fermier ; mais je garde le titre de la traduction française qui parut à Amsterdam. (Paris.) — 1769 ; 1 vol. in-12.
  3. Lettres d’un fermier, p. 214.
  4. Life of Otis, p. 291.