Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 2.djvu/147

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infailliblement si vous ne vous faisiez pas respecter. Mais si nous avons déjà oublié les raisons qui nous poussèrent à nous défendre nous-mêmes, il y a deux ans, avec une unanimité sans exemple ; si notre zèle pour le bien public s’est usé plus vite que les habits qu’il nous a fait prendre le parti de fabriquer chez nous ; si nos résolutions sont si faibles, que notre conduite actuelle fasse la condamnation de l’heureux exemple que nous avions donné nous-mêmes ; si nous n’avons aucun respect pour la vertu de nos ancêtres qui nous ont transmis cette liberté dont ils ont joui ; si nous n’avons aucun égard pour notre postérité, à qui nous sommes engagés par l’obligation la plus sacrée de laisser cet héritage inestimable, alors il est incontestable que tout ministre, tout valet de ministre, toute créature de valet de ministre, et tout autre plus vil instrument du ministre, s’il peut y en avoir de plus vil, devient un personnage que nous devons craindre d’offenser[1].

« Certe ego libertatem quæ mihi a parentibus tradita est experiar ; verum id frustra, an ob rem faciam, in vestra manu situm est, Quirites.

« Je défendrai assurément de toutes mes forces la liberté que mes pères m’ont transmise ; mais de savoir si je le ferai utilement ou en vain, c’est de vous, citoyens, que cela dépend[2].

« Un Fermier. »

« Il n’y a pas de limites : un pareil pouvoir aura des effets regrettables. Une armée de fonctionnaires peut devenir aussi dangereuse pour un pays qu’une armée de soldats ; on peut aussi bien asservir un peuple par artifice que par force. »

Au reçu de la loi qui la frappait, l’assemblée de New-York protesta contre l’interdit qu’on jetait sur elle.

  1. Lettres d’un fermier, p. 203.
  2. Ibid., p. 213.