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pôt, et d’impôt très-lourd mis sur les colonies au profit de la métropole ?

En forçant les colonies à ne prendre que des marchandises anglaises, la métropole en élève le prix d’une somme qu’on ne peut évaluer à moins de 20 p. 100. Sur un marché libre, les planteurs achèteraient à 20 p. 100 moins cher. La perte des colons est le bénéfice de la Grande-Bretagne. C’est bien là une taxe, quoique indirecte, et une taxe qu’on peut évaluer à 400 000 livres sterling (4 millions) sur les 2 millions sterling (50 millions) de marchandises anglaises consommées dans les plantations. On en peut dire autant des articles que les colons ne peuvent vendre qu’aux Anglais. Cette restriction produit l’encombrement du marché et l’avilissement des prix ; nouvel avantage pour la Grande-Bretagne, nouvelle taxe pour les colons.

Et pourquoi ce nouvel impôt ? Pour créer une administration et une justice qui ne dépendent plus des colons, et qui cependant soient payées par eux.

« Sous une administration corrompue, cette puissance introduirait en Amérique le gouvernement absolu. Tout au moins elle mettrait le peuple dans un état d’incertitude et d’insécurité qui n’est pas la liberté civile. Dans plusieurs colonies, les juges ne sont pas inamovibles. Si leur traitement ne dépend pas du peuple, il sera trop aisé à un gouverneur corrompu d’avoir des juges suivant son cœur et de priver la justice de l’honneur et le peuple de la sécurité qui lui appartient[1]. »

  1. Pitkin, I, 221.