Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 2.djvu/155

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nait d’envoyer un régiment qu’on logerait en ville, et qui donnerait assistance au magistrat civil pour maintenir la paix publique et soutenir les officiers de douane dans l’exécution des actes de commerce et de revenus. Le ministre ajoutait que « par la nature délicate de ce service, il serait possible qu’on en arrivât à des conséquences qu’on ne pouvait prévoir, et que par conséquent il fallait choisir un officier sur la prudence, la résolution et l’intégrité duquel on pût compter[1]. » En d’autres termes on prévoyait une collision, et peut-être n’en avait-on pas peur. « On ne trouvera pas de rébellion, on en fera une, avait dit Franklin à la Chambre des communes. » Il ne s’était pas trompé.

La nouvelle mit en feu tout le pays. L’assemblée était dissoute ; on proposa une Convention composée de comités des différents townships ou cantons, afin de prendre les mesures nécessaires au service de Sa Majesté et au salut de la province. En outre, on ordonna de s’armer, en vue d’une guerre avec la France, qui certes était peu à craindre[2]. Les élections se firent le 22 septembre 1768 ; les députés de 96 townships se réunirent dans la salle Faneuil, le berceau de la liberté américaine[3].

Bernard, le gouverneur, adressa à la Convention une lettre d’un ton ferme et décidé, assurant « que le roi

  1. Pitkin, I, 233.
  2. Ramsay, I, 81.
  3. Cette salle était ainsi appelée du nom de Pierre Faneuil, Français d’origine et huguenot, qui l’avait léguée à la ville de Boston. Elle avait été construite en 1742, et servait de marché et de salle d’assemblée. Lossing, Amer. Rev., I, 479.