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tution robuste ; les supprimer soudainement, c’était faire rentrer la maladie et frapper le malade au cœur. Il demanda la suppression du mot injustifiables.

Le discours de Chatham, qui touchait d’ailleurs à des questions intérieures, beaucoup plus vives en Angleterre que la question d’Amérique, amena un changement dans l’administration. Mais, au lieu d’appeler au pouvoir les chefs de l’opposition, George III, imbu des vieilles doctrines de la prérogative royale, voulut faire un ministère de créatures. Il choisit pour premier ministre lord North, déjà chancelier de l’Échiquier, et qui se décida à prendre le poste de premier lord de la Trésorerie et à devenir le chef d’une nouvelle administration.

Lord North, l’ami, la créature du roi, resta ministre de 1770 à 1782 ; il a laissé dans l’histoire cette triste réputation que, sous son administration, l’Angleterre perdit plus de territoire et contracta plus de dettes qu’à aucune autre époque de son histoire.

Ce n’était cependant ni un méchant homme ni un homme incapable ; il ne cherchait ni la popularité ni la fortune. C’était un de ces esprits médiocres qui perdent les empires, sans soupçonner même leur incapacité.

De sa personne il était peu agréable, fort lourd de corps et très-myope[1] ; Burke le peint en quelques mots : « Le noble lord, après avoir allongé sa jambe

  1. Ce qui est un grand obstacle en toute assemblée, obstacle qui, dans les Chambres anglaises, n’a été surmonté que par lord North, et, de nos jours, par lord Derby. (Note de lord Mahon.)