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et de religion que Jésus nous a laissé est le meilleur que le monde ait jamais vu, et que probablement il verra jamais. L’horreur du cant et des prédicants protestants l’avait éloigné du christianisme ; erreur commune des gens qui rendent l’Évangile responsable des fautes de ceux qui l’enseignent.

En politique, Franklin était opposé à la séparation. Une de ses comparaisons favorites était de dire que l’empire britannique était un magnifique vase de porcelaine, qui serait perdu le jour où on en casserait un morceau.

Il avait prévu le magnifique développement de l’Amérique, le long des lacs et du Mississipi, et avait, dit-on, cette idée singulière qu’un jour viendrait où la colonie emporterait la métropole, et où le siège du gouvernement anglais serait de l’autre côté de l’Océan.

Enfin il était vieux, et par expérience il détestait la guerre, disant qu’il n’avait jamais vu de bonne guerre ni de mauvaise paix. Il voulait gagner du temps, puisque chaque année et chaque jour ajoutait à la force de l’Amérique et faisait pencher la balance en sa faveur.

Cette modération n’est jamais du goût des partis ; ils pardonnent tout, excepté la mesure ; aussi reprochait-on à Franklin son succès dans les affaires de ce bas monde et sa sagesse temporelle. Il était maître des postes des colonies, c’était une place de la couronne. Son fils était gouverneur de la Nouvelle-Jersey, et fort avant dans les projets du ministère. Enfin, Franklin avait fait donner des places de distributeur du timbre en Pensylvanie et dans la Nouvelle-Jersey, à quelques-uns de ses