Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 2.djvu/222

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comprit en Angleterre, ce fut par les lois les plus violentes qu’on répondit à la violence des habitants de Boston.

De pareils actes portent avec eux leur leçon. Ce qui décide les révolutions, c’est qu’il vient un moment où les deux partis, surexcités, affolés, se jettent tête baissée dans la guerre civile et ne voient de salut que dans les armes. À distance, il est aisé pour de graves historiens de condamner les fautes et les excès, et de prononcer sentencieusement que la modération eût sauvé tout le monde ; mais tant qu’on n’aura pas trouvé un moyen de corriger les princes, les ministres ou les assemblées de leur infatuation, tant que les dépositaires de l’autorité feront de leur pouvoir la mesure de leur droit, on n’évitera jamais qu’un peuple ne se soulève pour revendiquer sa liberté. Si l’on veut être juste, ce n’est pas l’explosion qu’il faut considérer, ce sont les causes qui l’ont préparée. Les vrais coupables sont ceux qui ont chargé la mine, non pas ceux qui y ont mis le feu. Envisagée à ce point de vue, la révolution américaine aura pour elle la faveur des juges les plus sévères ; il avait fallu l’entêtement du roi, la faiblesse de lord North et la passion du Parlement pour pousser à la révolte un peuple qui ne demandait que le maintien de ses droits. C’est là ce qui fait le grand caractère de la révolution d’où sortirent les États-Unis. Nulle trace d’ambition, nul calcul, nulles passions mauvaises, mais l’énergique résistance d’un peuple qui préfère tous les maux de la guerre à la servitude et à l’infamie.