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ne sont pas capables de se gouverner eux-mêmes. » Cette réponse, je ne sais si lord North l’avait inventée, mais en tout cas elle a fait fortune. On ne dépouille jamais les peuples de leurs droits sans déclarer que ce sont des mineurs dont on prend en main l’intérêt. Mais qui est juge de l’incapacité ? C’est le tuteur qui fait siens les fruits de la tutelle. Il est permis de douter de son impartialité.

Au milieu des mesures violentes qu’on venait de voter et de celles qu’on annonçait, un membre de la Chambre des communes, Rose Fuller, proposa d’abolir le droit sur le thé, cause de toutes ces querelles ; c’était pour un grain de poivre[1], disait-il, qu’on risquait un empire. Les ministres répondirent que la question était de savoir si l’Angleterre perdrait toute son autorité et abdiquerait devant l’Amérique. Le Parlement applaudit. La passion au lieu de la raison, c’est toujours le grand moyen de succès.

La proposition de Rose Fuller n’avait aucune chance de réussir, mais elle appela à parler Edmond Burke, qui, à cette occasion, fit un des plus beaux discours qu’on ait jamais prononcés dans une Assemblée. On cite en Angleterre les discours sur l’American Taxation, comme on citait à Rome les Catilinaires ou la défense de Muréna.

Il y a deux parties dans ce discours, qui est très-long ; une histoire de la politique anglaise à l’égard de l’Amérique, pleine de faits et de portraits admirables,

  1. Peppercorn.