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la Révolution d’Angleterre, et enfin des pamphlets venus d’outre-mer et consacrés à la défense de la liberté. Les Lettres de Caton, le Whig indépendant[1], pamphlets aujourd’hui oubliés, étaient populaires en Amérique où tout parlait de liberté.

La situation du pays et les mœurs des colonies contribuaient fortement à entretenir l’esprit d’indépendance. C’était la terre d’égalité ; tous les habitants avaient le même rang. Il n’y avait ni rois, ni nobles, ni évêques, ni toute cette hiérarchie de gens dépendants qui s’incline devant le supérieur qui la fait vivre, et rend à l’inférieur le mépris qu’on lui témoigne en haut. Nul souvenir féodal, nul souvenir même de gloire acquise ou de services rendus ne troublaient cette complète uniformité. Aussi le Credo politique d’un Américain était-il d’une simplicité extrême. On le trouve en tête de la Déclaration d’indépendance et de la plupart des Constitutions ; il ressemble à quelques-unes de nos déclarations de droit, et surtout à nos célèbres principes de 1789, par la raison toute simple que nos Constitutions ont emprunté leur préambule à l’Amérique ; ce qui explique peut-être pourquoi dans ces Chartes la liberté n’est que sur le frontispice. Mais, tandis que chez nous ces déclarations stériles sont une protestation contre le passé, chez les Américains c’est le simple exposé de vieilles idées qui sont sorties des entrailles de la société, et qui n’ont rien de commun avec la philosophie du dix-huitième siècle.

  1. Ramsay, p. 30.