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gnité naturelle, c’est de vous et de vous seuls qu’ils peuvent avoir la liberté. C’est la chose dont vous avez le monopole ; c’est le véritable Acte de navigation qui vous assure le commerce des colonies, et par elles vous donne la richesse du monde. Refusez aux colonies leur part de liberté, vous romprez le seul lien qui dans l’origine a fait l’unité de l’empire, le seul qui aujourd’hui puisse conserver cette unité.

« N’ayez point cette idée misérable et superficielle que ce qui fait la sécurité de votre commerce, ce sont vos registres, vos papiers, vos affidavit, vos licences, vos acquits-à-caution, vos quittances.

« Ne vous imaginez point que ce soient vos circulaires, vos instructions, vos clauses suspensives qui maintiennent cette grande charpente, cet ensemble mystérieux. Ce n’est point là ce qui constitue votre gouvernement. Tout cela, ce sont des outils inertes, une lettre morte. Ce qui leur donne la vie, c’est l’esprit anglais. C’est l’esprit de la Constitution qui, infus dans cette masse puissante, pénètre, nourrit, unit, fortifie, anime toutes les branches de l’empire, jusqu’au moindre rameau.

« Ici, en Angleterre, n’est-ce pas la même force qui fait tout pour nous ? Vous imaginez-vous que ce soit la loi d’impôt qui vous donne un revenu ? que ce soit le vote annuel d’un comité qui vous fasse une armée ? Est-ce le Code militaire qui inspire à vos soldats la bravoure et la discipline ? Non, mille fois non ! L’amour de la nation, son attachement au gouvernement, la part qu’elle se sent dans nos glorieuses institutions, voilà ce qui vous donne votre armée et votre marine, voilà ce qui inspire à vos soldats cette libre et volontaire obéissance, sans laquelle votre armée ne serait qu’un tas de misérables, et votre flotte un amas de bois pourri.

« Tout cela, je le sais, paraîtra étrange et chimérique au profane troupeau de ces politiques vulgaires et matériels qui n’ont point de place parmi nous, sorte de gens pour qui rien n’existe que ce qui est épais et lourd, et qui par consé-