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Il ne suffisait pas de décider qu’on lèverait une armée, ni même de décréter une émission d’assignats pour la soutenir, seul moyen qui fût à la disposition du Congrès, dans un pays qui se révoltait pour n’être pas taxé ; il fallait mettre à la tête de cette armée un homme assez résolu pour jouer son honneur et sa vie dans une pareille entreprise, assez considérable pour être accepté par des colonies jusque-là mutuellement étrangères. Parmi les Américains il y avait un certain nombre d’officiers de milice qui s’étaient distingués dans la guerre du Canada, mais il n’y en avait aucun qui se fût fait un grand nom, et qu’on pût mettre en comparaison avec les généraux anglais. Dans toutes ces guerres l’Angleterre avait toujours tenu au second rang les milices coloniales et leurs officiers. C’était même là une cause ordinaire de mécontentement dans toutes les guerres contre les Français.

Dans le choix d’un général, le Congrès se décida par une raison politique. Entre les colonies du sud, la Virginie, par son ancienneté, sa population, sa richesse, son influence, était au premier rang. C’est sur elle que s’appuyaient les États du centre, plus calmes que les gens du Massachusetts[1]. Rattacher cette colonie au Massachusetts en lui empruntant un général en chef, c’était une pensée juste et profonde. D’autre part, la Virginie offrait à l’Amérique un homme dont le caractère était universellement estimé, et qui, au Congrès de 1774, s’était fait connaître par son énergie et son caractère.

  1. Curtis, I, 42.