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les rapports avec les Indiens, le charme de l’inconnu, et même du danger.

Telle fut la première éducation de Washington ; on ne voit pas qu’il ait jamais su d’autre langue que l’anglais. Il n’eut jamais d’instruction classique, et si dans la guerre de la révolution il en vint à comprendre à peu près les officiers français, il ne put jamais ni parler ni écrire notre langue[1].

Mais si la vie spéculative manqua à Washington, il se dédommagea par la vie active ; les hommes lui en apprirent plus que les livres. Grand voyageur dans le désert, grand chasseur, plus tard officier de milices et grand propriétaire, il s’habitua de bonne heure à vouloir et à agir. La volonté, l’action, c’est ce qui manque aux gens trop civilisés. « Je ne veux pas que mes moines lisent, disait saint François d’Assise, ils ne prêcheraient plus. »

Ce goût d’action fit que de très-bonne heure Washington prit du service militaire ; il commença sa réputation en combattant auprès de ces Anglais qu’il devait trouver plus tard en face de lui[2].

En 1754, vous vous rappelez comment sa rencontre dans la vallée de l’Ohio, avec le capitaine Jumonville, amena la première rupture qui décida la guerre de Sept ans.

En 1755, il était aide de camp du général Braddock

    sur un peu de paille ou de foin, ou sur une peau d’ours, à côté du mari, de la femme, des enfants, comme des chiens et des chats ; et heureux celui qui a le coin du feu. » (Lord Mahon, VI, 46.)

  1. Life of Wash. by Jared Snarks, 10.
  2. Curtis, I, 45. — Lord Mahon, VI, 46.