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qui a pris Philadelphie, c’est Philadelphie qui a pris le général Howe[1]. »

Le Congrès se retira à York, dans la province de Pensylvanie, en mettant la Susquehanna entre lui et l’ennemi. Il y resta huit mois, c’est-à-dire jusqu’à l’évacuation de Philadelphie par les Anglais. Quant à Washington, avec cette froide résolution qui était dans son caractère, il rassembla ses soldats, pieds nus et sans pain, et le 4 octobre 1777, par une matinée brumeuse, il attaqua au point du jour une division de l’armée anglaise établie à Germantown.

Les Américains chargèrent à la baïonnette ; les Anglais, surpris et mis en désordre, eurent peine à se reconnaître, mais un brouillard épais empêcha les Américains de suivre leur avantage ; dans cette nuit, des régiments tirèrent les uns sur les autres. La panique se mit chez des troupes nouvelles, les munitions manquèrent, et l’Anglais resta maître du champ de bataille après avoir perdu 500 hommes.

« La journée a été sanglante, écrivait Washington ; plût au ciel que je pusse ajouter qu’elle a été bonne pour nous. »

Ce n’était pas une victoire, tant s’en faut, mais le combat faisait le plus grand honneur à Washington et aux Américains. Un peuple n’est vaincu que lorsqu’il se résigne à ne plus résister. Ici au contraire, comme à Trenton, comme à Princeton, on voyait des hommes que la défaite n’avait point abattus, et qui, au lieu de se ca-

  1. Lord Mahon, VI, 169.