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des colonies à la métropole ne tombe tout à fait. Le gouvernement anglais n’a donc point tort de considérer le voisinage des Français dans l’Amérique du Nord comme la cause principale qui maintient les colonies dans la soumission. »

Ces observations recueillies surtout à New-York par le voyageur suédois sont d’une vérité parfaite. Nous y trouvons à la fois les causes qui amenèrent la révolution, et les obstacles qui la retardèrent. Les causes, c’était l’amour de la liberté, le sentiment du droit, la haine de l’oppression ; l’obstacle, c’était le voisinage du Canada, obstacle qui disparut en 1763.

Se délivrer des Français d’abord, pour avoir à soi tout le continent ; puis ensuite, obtenir l’égalité avec les citoyens de la métropole, ou se débarrasser des Anglais, c’est toute la politique de l’Amérique, de 1748 à 1776. Il ne faut pas supposer un plan arrêté, une conspiration permanente ; ce n’est pas ainsi que les choses se passent, et ce n’est jamais par calcul qu’un peuple s’engage dans une révolution. On suit son intérêt ; on défend ses droits, on s’irrite de résistances injustes, et un jour l’explosion éclate, au regret de tout le monde, et quand il est trop tard pour reculer. C’est là l’histoire de l’Amérique.

Voyons quels étaient les griefs contre l’Angleterre, et ce qu’on faisait en même temps, d’accord avec elle, pour chasser les Français. Des deux façons on approchait de l’union et de la résistance commune ; paix et guerre servaient l’émancipation américaine, et hâtaient son avènement.

Les colonies avaient été fondées par des concessions