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« Le traitement que nous avons reçu, écrivait Jord Cornwallis à Chatham, est tout à fait convenable. Mais la bonté et les attentions que nous ont témoignées les officiers français, leur délicatesse, la façon généreuse, pressante dont ils nous ont offert leur bourse en public et en particulier, a vraiment dépassé tout ce qu’on peut dire. J’espère que c’est là un souvenir que n’oubliera jamais un officier anglais, si la fortune de la guerre lui met un Français en son pouvoir. »

Après la reddition de lord Cornwallis, la guerre d’Amérique était finie, au moins en ce qui touche les opérations militaires. Avec les mécontentements qui grossissaient en Europe, l’Angleterre ne pouvait persister dans une voie pleine de sacrifices et de dangers, sans résultat possible. « J’espère, écrivait Washington à La Fayette, en 1779, que notre tendre et généreuse mère recevra d’assez rudes leçons pour être enfin convaincue, elle et tous les tyrans du monde, que la route la meilleure et la seule qui conduise sûrement à l’honneur, à

    beau. — « À notre gauche, lui dis-je, à la tête de la ligne française. »

    — Le général anglais pressa le pas de son cheval pour présenter son épée au général français. Pressentant son intention, je partis au galop pour me placer entre lui et M. de Rochambeau, qui, dans ce moment, m’indiquait du geste le général Washington, placé en face de lui à la tête de l’armée américaine. — « Vous vous trompez, dis-je au général O’Hara, le général en chef de notre armée est à droite. » — Je l’y conduisis, et, à l’instant où il élevait son épée, le général Washington le prévenant, lui dit : « Never from such good a hand. » (Jamais d’une aussi bonne main.)

    « La garnison défila entre les deux lignes, au delà desquelles je la fis former en bataille et mettre les armes en faisceau. Les officiers anglais témoignaient le plus vif dépit, et je me souviens que le colonel Abercrombie, des gardes anglaises, le même qui depuis périt en Égypte sur le champ de bataille où il venait de triompher, au moment où sa troupe mettait bas les armes, s’éloigna rapidement, se couvrant le visage et mordant son épée. »