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terait de détruire les fondements de notre liberté, d’allumer le flambeau de la guerre civile, et de noyer dans le sang un empire à peine sorti de son berceau.

« Une conduite aussi honorable vous conduira au but où vous aspirez, et déjouera les perfides complots de vos ennemis réduits à employer l’artifice, lorsqu’ils ne peuvent plus agir à force ouverte. Vous ajouterez à tant de preuves de patience et de patriotisme, et la postérité, étonnée de vos vertus et de vos exploits, dira en lisant cette partie de votre histoire : « Il fallait encore ce nouveau trait pour faire connaître à quel point de perfection la nature humaine peut atteindre. »

Entraînés par cette voix patriotique, les officiers déclarèrent : « qu’ils voyaient avec horreur et rejetaient avec mépris les propositions infâmes contenues dans l’écrit anonyme qu’on leur avait adressé[1]. »

De l’aveu des contemporains, c’est le plus grand service que Washington ait rendu à son pays. S’il eût été ambitieux, ce n’est pas l’armée seulement, c’est le pays peut-être qui l’eût suivi. Mais il préférait le nom d’homme de bien à celui de maître, qui trompe si souvent ceux qui s’en emparent. Il garda le plus beau titre, celui de citoyen.

Il écrivit aussitôt au Congrès en lui rappelant toutes les instances qu’il avait faites auprès de lui pour faire reconnaître les droits des officiers. Il ne s’était point passé d’année sans que Washington ne réclamât. Sa lettre ne portait point de trace d’amertume, mais on y lisait la phrase suivante, comparable à ce que l’antiquité a de plus beau.

  1. Ramsay, p. 235.