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tenu par John plutôt que par Thomas, ni que l’impôt soit payé par William plutôt que par Charles. La fabrication du fer occupe et enrichit les sujets anglais ; mais qu’importe à l’État que le fabricant vive à Birmingham ou à Sheffield, ou dans les deux endroits à la fois, puisque de toute façon il habite l’Empire et met à la disposition de l’État sa personne et ses biens ! Si demain on pouvait dessécher les sables de Godwin et gagner sur la mer des terres égales à un comté d’Angleterre, serait-il juste de refuser aux habitants de ce nouveau territoire les privilèges dont jouissent les autres Anglais ? Pourrait-on leur interdire de vendre leurs produits dans les mêmes ports, ou de faire eux-mêmes leurs souliers, parce qu’un marchand ou un cordonnier vivant dans le vieux pays s’imaginerait qu’il y a plus d’avantage pour lui à trafiquer ou à faire des souliers pour le compte d’autrui ? Serait-ce juste, alors même que le nouveau territoire aurait été conquis aux frais de l’État ? Et ne serait-ce pas encore moins juste, si la charge et la peine de gagner ce nouveau territoire à la Grande-Bretagne avaient été laissées aux premiers colons ?

« La dureté de ce système ne serait-elle pas encore plus visible si l’on refusait au peuple du nouveau pays de lui accorder des représentants dans le Parlement qui le soumet à de pareilles impositions ?

« Maintenant, je considère les colonies comme autant de comtés gagnés à la Grande-Bretagne, et bien plus avantageux pour elle que s’ils avaient été conquis sur la mer, le long de ses côtes, et joints à son territoire. Et, en effet, les colonies, placées en différents climats, fournissent une plus grande variété de produits et de matières pour un plus grand nombre de manufactures. Séparées par l’Océan, elles accroissent le nombre des navires et des matelots. Ces colonies sont toutes comprises dans l’Empire britannique (qui ne s’est étendu que par elles ; la force et la richesse de l’ensemble n’étant que la force et la richesse des parties), qu’importe donc à l’État qu’un commerçant, un forgeron, un chapelier s’enrichisse dans la