Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 2.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lonies[1]. Tout ce qu’il put obtenir de ses collègues, ce fut de continuer la cause à une autre session, afin d’avoir le temps de recevoir des ordres d’Angleterre.

Ces ordres ne permettaient pas de résistance : la cour céda, et, dès lors, elle accorda des writs d’assistance chaque fois que les officiers du revenu en demandèrent ; il semble qu’en fait on usa d’une grande modération[2].

Mais ces mandats étaient si impopulaires qu’en 1762 l’assemblée du Massachusetts, revenant à la charge, passa un bill pour qu’on n’accordât ces mandats qu’aux officiers de douane, et seulement sur information spéciale et serment. Le gouverneur Bernard refusa de consentir à ce bill, et par représailles l’assemblée réduisit le salaire du gouverneur[3].

Mais si, en 1760, Hutchinson pouvait décider trois juges à voter avec lui, il n’avait point de prise sur l’opinion ; et depuis le discours d’Otis le pays était en feu.

À cinquante-sept ans de distance, John Adams, qui avait été l’élève et le protégé d’Otis, écrivait avec une chaleur toute juvénile :

« Otis était une flamme ! Avec sa facilité de citations classiques, sa profonde érudition, son rapide résumé des événements de l’histoire, sa profusion d’autorités légales, son coup d’œil prophétique, avec le torrent de son impétueuse éloquence, il poussait tout devant lui. Ce jour-là est née l’indépendance américaine ! Ce jour-là fut semée cette semence de

  1. Bancroft, Amer. Rev., I, 47 6.
  2. Life of Otis, p. 86, note.
  3. Pitkin, I, 161.