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majorité, et Otis nommé un des commissaires pour la porter au gouverneur.

Bernard le gouverneur se plaignit de ces déclamations, qui semblaient faire croire au peuple que ses droits étaient en danger. De pareilles harangues, disait-il, pouvaient convenir au règne de Charles II ou de Jacques II, elles étaient injustes et sans fondement sous le règne bon et bienveillant de George III.

Bernard mentait, car il connaissait mieux que personne les projets du ministère ; c’était lui qui poussait aux nouveautés qui amenèrent la révolution.

Comme conclusion de son discours, Bernard demandait qu’on effaçât des journaux de la Chambre certains passages « où le nom sacré d’un roi bien-aimé était traité avec peu de respect. »

La Chambre se rendit à cette demande ; et Otis proposa d’insérer dans l’adresse les mots suivants en tête du passage attaqué :

« Avec tout le respect dû à la personne sacrée et au gouvernement de Sa Majesté, pour lesquels nous professons le plus sincère attachement et la plus parfaite loyauté, qu’il nous soit permis de dire qu’il importerait peu… »

Mais, à ce moment, le député irritable qui avait crié trahison se mit à crier : Effacez, effacez ! L’amendement ne fut pas voté, on effaça les mots qui avaient choqué le gouverneur, et ce fut en cet état que le message lui fut renvoyé[1].

  1. Life of Otis, p. 119 et suiv.