Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/101

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Allemands que l’imprimerie, ce serait déjà une des plus belles conquêtes de l’humanité ! Eh bien, l’Allemagne a toujours été impuissante ; le cardinal de Richelieu disait que les Français devaient bénir Dieu d’avoir fait l’Allemagne comme il l’avait faite. D’où vient cette impuissance ? L’Allemagne a son rang en Europe ; si l’Allemagne disparaissait, un des grands foyers de la civilisation disparaîtrait avec elle. Ce n’est donc pas l’intelligence qui lui manque ; ce n’est pas la bravoure : l’Allemagne a toujours produit de braves soldats et elle en a toujours fourni à l’étranger. La maladie dont souffre l’Allemagne est une maladie politique. En temps de paix, l’Allemand jouit d’une liberté plus grande que nous ne le pensons ; nous pourrions envier les privilèges des municipalités allemandes. Mais en temps de guerre, la puissance de ce grand peuple est paralysée.

En 1815 on a voulu organiser l’Allemagne ; mais les gens habiles qui ont fait les traités de 1815 l’ont organisée au profit de l’Autriche et de la Prusse. En faisant cela on ne l’a pas fortifiée, et on le savait bien. Aujourd’hui on a une diète dans laquelle il y a deux membres qui jouent les premiers rôles. Quand on sait ce que veulent la Prusse et l’Autriche, et d’abord quand la Prusse et l’Autriche sont d’accord, ce qui est assez rare, parce que, pour la Prusse, l’idée fixe, c’est de faire l’unité à son profit, tandis que le seul désir de l’Autriche est de maintenir la division, également à son profit ; quand ces deux puissances, dis-je, sont d’accord, il se passe la comédie suivante, et elle se passe