Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/103

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des peuples moins nombreux, plus petits, sont de grands peuples. Pourquoi ? parce qu’à l’Allemagne il manque l’unité politique. Demandez au dehors, dans n’importe quel coin du monde, ce que c’est qu’un Français ou un Anglais, on le saura ; on aura eu querelle avec l’Angleterre ou la France pour avoir maltraité quelqu’un à Mexico ou ailleurs ; mais un Allemand, on n’en aura pas une idée aussi nette. En dehors de l’Europe, on ne connaît pas de peuple allemand. Il y a là une humiliation qui amènera quelque jour un effort pour conquérir l’unité nationale. Ce jour-là, quand les Allemands voudront conquérir l’unité, je ne dis pas en faisant une révolution, ça n’avance guère les choses, mais en faisant une réforme pacifique ; sera-t-il possible à l’Allemagne d’imiter la confédération américaine, lui sera-t-il possible de faire une confédération avec des princes comme l’Amérique en a fait une avec des États républicains ? Montesquieu en doute[1] : je ne veux pas être plus sage que lui, mais il y a quelque chose à essayer.

La Suisse nous donne un autre exemple. Elle avait en 1815 une diète impuissante. Quand elle voulait agir, elle était obligée d’en référer aux cantons comme autrefois la Hollande aux provinces. Il y avait vingt-deux cantons qui décidaient chacun pour soi. Vous savez à ce sujet le mot de M. de Rayneval. M. de Rayneval, qui, sous le dernier règne, était ministre plénipotentiaire de France en Suisse, et qui y était resté dix ans

  1. Esprit des lois, ix, 2.