Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/113

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Tout d’abord on ne s’aperçut pas du danger. Dans les premiers jours d’une révolution, il y a un enthousiasme universel qui fait croire que les lois sont inutiles ; mais il vient toujours un moment dans les affaires humaines où le premier feu tombe, et alors une administration, un gouvernement sont des œuvres sérieuses qui ne peuvent durer qu’avec des ressources et un pouvoir qui manquait à la confédération.

Un autre effet de cette impuissance fut que le congrès lui-même perdit la plupart de ses membres. Ceux qui appartenaient à l’armée, comme Washington, étaient allés se battre ; les autres, et ce n’étaient pas les moins distingués, étaient retenus dans leurs États particuliers. On faisait dans chaque État des constitutions locales, on organisait des gouvernements ; il semblait beaucoup plus agréable et plus utile d’être gouverneur de son pays que délégué au congrès fédéral. C’est ainsi que Jefferson devint gouverneur de la Virginie et réforma toute la législation de son pays. Le congrès, vers la fin de 1777 et au commencement de 1778, se trouvait réduit à vingt-deux membres. Il n’avait aucune influence ; c’est Washington qui, à lui seul, représentait le gouvernement américain : il était le chef et l’organisateur de l’armée ; c’est lui qui avait en main tout le pouvoir militaire, et nous voyons dans ses lettres qu’il était constamment occupé à négocier avec les treize États, cherchant partout les secours dont il avait besoin.

Cette situation inquiétait les amis de la patrie, et surtout un homme dont le nom reviendra souvent dans nos études, Alexandre Hamilton.